Salon du Livre du Touquet

Salon du Livre du Touquet, 17 et 18 novembre 2012

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                                             Quelques instants avant l'ouverture...

 

   La queue serpentait entre les stands et s’allongeait insolemment dans l’allée centrale pour pénétrer, en s’enroulant plusieurs fois sur elle-même, dans l’espace du Furet du Nord. Je signais en relevant à peine la tête, accordant un sourire et un bon mot, toujours le même, à mes lecteurs enfin récompensés de leur patiente attente, quand, vînt le tour d’une jeune femme, timide et tremblante. Du regard, je cherchais mon livre entre ses mains. Rien. Je la considérai, étonné. Après une profonde inspiration, elle se lança.
- J’ai écrit plusieurs manuscrits et je voudrais être publiée.
   « Encore une, pensai-je, condescendant. Il y aura bientôt plus d’écrivains que de lecteurs ! Mon dernier ouvrage a péniblement atteint les trois cent mille… Que me viennent-ils manger la laine sur le dos ? Et si, par malheur, elle avait du talent ? »
   Je l’examinai avec attention. Frêle, mais déterminée. Timide, mais prête à s’exposer. Elle avait posé à ses pieds un grand sac dont elle sortit un manuscrit. Elle le posa sur la table. La queue se mit à frémir en ondulant. Quelques murmures s’en élevèrent. Je m’emparai des feuillets.
- Mais ce texte est rédigé en chinois ? m’exclamai-je.
- En japonais, rectifia-t-elle.
- Mais on ne présente pas un manuscrit en japonais !
   Elle fondit en larmes, puis m’expliqua tout.
   Derrière elle, le murmure de la queue se mua en grondements, puis en clameurs. On frôlait l’émeute. J’aperçu les forces de sécurité prêtes à intervenir.
« Il est de mon devoir de lui accorder sa chance » pensai-je.
   Je la sentais tendue, on le serait à moins, et lui proposai de partager une flûte de champagne, breuvage dont j’avais coutume d’user pour apaiser ma soif et me soutenir dans cette dure épreuve qui a pour nom : dédicaces d’auteur.
   Elle mouilla prudemment ses lèvres, puis vida le verre.
- C’est ainsi que je conçois la vie d’un écrivain, me fit-elle après avoir repris son souffle. Plus tard, lorsque je serai célèbre, j’agirai ainsi.
   Elle tourna les talons et quitta la queue qui poussa un immense et bruyant soupir de satisfaction semblable à celui émis par les évents d’une baleine refaisant surface.
- Mademoiselle, mademoiselle, m’écriai-je, j’ai omis de vous demander votre nom !
- Amélie Nothomb.

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                                               On attend Amélie...

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On photographie Amélie...                              On admire Amélie...


   Plus sérieusement, notons que le phénomène éponyme auquel j’assistai pour la première fois est quelque peu surprenant. Cela tient à la fois de l’adoration muette et réservée des fidèles à l’entrée de la grotte de tous leurs espoirs et de l’exaltation du fan-club d’une vedette du chaud-bise. On quête un regard, un sourire, un mot de la dame en noir. L’extase est atteinte lorsqu’Elle tend sa flûte de champagne à une privilégiée qui trempe ses lèvres dans les bulles de la déesse. Nul doute que cette lectrice béate en parlera longtemps à ses copines envieuses : « j’ai bu dans les pensées d’Amélie ». Pour un peu, elle agripperait un stylo et noircirait elle aussi cent-cinquante feuillets.

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   Deux heures et une bouteille de Dom Pérignon plus tard, la messe était dite.

 

   Je confiais à Jean-François Kahn, que j’avais plaisir à retrouver après la 25ème heure du Mans, mon étonnement au vu de cette manifestation d’adulation. Il m’a fait la réflexion suivante :
- Tu sais, je ne m’étonne plus de rien. Amélie Nothomb, elle, au moins, est une romancière, mais Marc Lévy ?
   Dont acte.

   Messire Gonzague Saint-Bris m’a fait l’honneur de s’attarder un bref instant devant mon ouvrage qu’il a pris entre ses nobles mains, soupesé - tiens, je ne savais pas qu’un roman s’évaluait à son poids ! – « L’apothicaire, ah oui ! c’est bien, c’est bien… »
   Donc l’apothicaire, c’est bien, c’est bien. C’est lui qui l’a dit !

   Côté Patrick Poivre d’Arvor, c’était plutôt calme, et chez Tristane Banon, aussi. Jean-Louis Debré était très occupé, comme quoi la révélation des dessous de la politique excite toujours autant les foules. C’est Guignol qui rosse les représentants de l’ordre.

 

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   Sur le stand du Lions Club, qui m’hébergeait en compagnie de Max Mercier et Bruno Descamps, mes deux amis auteurs et désormais complices de cet insoutenable suspense dont le dénouement ne sera connu qu’en mars 2013 lors du salon de Bondues, régnait une ambiance chaleureuse et amicale, où circulaient les bons mots et les réflexions plus sérieuses sur notre activité de plumitifs. A défaut d’être le centre d’intérêt d’une foule en délire, nous avions le sentiment de susciter une attention courtoise et bienveillante.

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Chantal Forêt, lauréate Lions Club 2012           Max Mercier et Didier Hermand sur le stand de leur éditeur ATRIA 

le-touquet-2012-lewandovski.jpg  Jean-Noël Lewandovski, qui en est rendu à son 14ème ouvrage en dix ans.

 

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Barbe-bleue, le dernier ouvrage d'Amélie Nothomb :


 

Et Gonzague Saint-Bris :

 

Sans oublier Jean-Louis Debré

 

Et enfin une rétro de Jean-François Kahn

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