Café littéraire au Centre de détention de Sequedin

 

Marie claire george

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   J’ai l’impression d’être devenu un habitué du centre de détention de Sequedin. En effet, c’est la troisième fois que je passe sous le portique qui, malgré le respect des consignes, s’obstine toujours à couiner. Le dédale des courettes et des couloirs ne s’est pas inscrit dans ma mémoire, mon GPS biologique a grand besoin d’être réinitialisé ! Marie-Claire George m’accompagne. Elle aussi a cessé d’être impressionnée par les barreaux, elle "récidive" pour la cinquième fois.

   Une dizaine de détenus nous attendent dans la bibliothèque. La SPIP, Céline Vereecke, confiante, quitte la pièce et nous laisse seuls en face-à-face avec ces messieurs. Ils ont lu, pour la plupart, nos ouvrages et ne sont pas venus pour passer le temps, mais bien pour débattre et satisfaire à leur légitime curiosité. Mais ils se racontent autant que nous nous racontons et les échanges sont riches. Outre son recueil de nouvelles, « Tout près, sous l’autre rive », Marie-Claire George présente son ouvrage « L’ombre d’Auriel », paru aux éditions Kirographaires. La lecture du prologue, longue lettre émouvante, suscite chez nos auditeurs un certain trouble et provoque des évocations personnelles.  Quant à moi, lecture est faite d’un passage concernant l’univers des galères issu de mon ouvrage « L’apothicaire de la rue de Grenelle », « autrement plus traumatisant que celui de Sequedin » en conviennent-ils. L’un des détenus nous confie avoir fait partie d’un atelier d’écriture à Clairvaux, à la fois prison et abbaye cistercienne, d’où parait-il tout le monde cherche à s’échapper au moins deux ou trois fois. Il a présenté des textes qui malgré les réticences du directeur ont été lus et qui avaient pour titre : « Tentatives d’évasion ». Il en rit encore.

   Enfin, en forme d’épilogue, avant de regagner sa cellule, l’un de nos attentionnés détenus n’a pu s’empêcher de brocarder l’un des gardiens en lui lançant, goguenard : « Tu t’es peut-être emmerdé cet après-midi, mais moi, j’ai passé un bon moment ! ». Il ne pouvait mieux nous remercier !

Jean-François Zimmermann

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