Pastiches de Dumas

 

Ce roman historique qui se passe au XVIIème siècle tourne autour de Jean de Béthencourt, un « héros » bien ambigu. Son père ayant été tué en duel par un Espagnol, Diego de Malladas, quand il était encore enfant, Jean a été élevé par sa famille pour le venger. Il a été formé par les meilleurs maîtres d’armes de son temps, au point de devenir une véritable « machine à tuer ». Ce bretteur sans pareil ne trouve personne capable de lui résister: il use et abuse donc de son talent à l’épée. Totalement cynique, perpétuellement criblé de dettes, capable de toutes les trahisons, accumulant les conquêtes féminines, il mène une vie chaotique en se faisant beaucoup d’ennemis… Les femmes qu’il trahit sans vergogne, en particulier, jurent volontiers sa mort.

Naviguant entre France et Espagne, Jean participe aux côtés de la France à la guerre entre les deux pays en Flandre. Il se rallie au duc d’Orléans, devient ami du duc de Beaufort, se trouve mêlé aux complots contre Richelieu, devient espion à la solde de celui-ci, part en mission secrète en Espagne du côté des comploteurs qui veulent la mort de Richelieu, les trahit, etc.

Le personnage de Jean de Béthencourt est un intéressant héros négatif dont les aventures sont bien menées. Il est dommage, malgré tout, que Jean-François Zimmermann, tout à sa préoccupation de bien reconstituer le cadre historique de son récit, multiplie un peu trop les références factuelles, les personnages réels et les notes de bas de page, ce qui nuit au déroulé purement romanesque.

Le lien avec Dumas tient essentiellement à la présence d’Athos dans le roman. Un Athos présenté comme relevant du personnage historique plus que de celui des Trois mousquetaires, mais dont l’intervention tient cependant de la fiction pure. Jean est poursuivi par la haine de Teresa, une femme qu’il a aimée et dont il a tué le mari. Celle-ci a juré de venger ce dernier. Athos est tombé amoureux d’elle et Teresa lui promet de l’épouser quand il aura tué Jean. Athos se fait passer pour un ami du spadassin et s’entraîne à l’escrime avec lui afin d’être en mesure de le battre. Un duel est organisé qui verra s’opposer Jean et son frère (difforme et incapable de se battre) d’un côté à Athos et Teresa de l’autre. Jean a le dessus sur Athos, qui meurt, mais ne s’en sort pas pour autant: il est tué à son tour par les vengeances combinées de deux femmes qu’il a trahies jadis.

Cet Athos de Zimmermann peut évoquer vaguement celui de Dumas dans la mesure où il est manipulé par la femme qu’il aime, comme celui des Trois mousquetaires est trompé par son épouse, la future Milady. A part cela, on note aussi une apparition de d’Artagnan pour un combat (amical) contre Béthencourt, combat gagné, comme toujours, par ce dernier (voir extrait ci-dessous), ainsi qu’une mention d’Aramis et Porthos sous leurs noms historiques d’Aramitz et Portau. Le contenu strictement dumasien du roman reste donc assez faible - ce qui ne retire rien à ses qualités propres.

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