9ème Salon du Livre de LOOS

 

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Salon du Livre de LOOS, samedi 26 novembre 2011 

Dans les salons du livre, je pensais naïvement que les auteurs étaient les VIP. 

   Les portes vont s’ouvrir dans une heure, chacun s’installe. Le « Furet du Nord » prend ses aises tant pour son propre compte qu’en se glissant sur les tables de ses auteurs fétiches. Mais il reste néanmoins de la place pour les « indépendants » qui se débrouillent pour étaler chacun leur production sur un demi-mètre carré. Il leur faut obéir à l’injonction de l’animateur, armé de son micro, qui relaie la force publique pour leur demander de déplacer leurs véhicules garés, ô offense, sur le parking réservé aux « VIP ». Mais qui sont ces « VIP » ? Sont-ce quelques monuments de la littérature contemporaine ? 

   Un frémissement parcoure l’assemblée. On attend notre pédaleur national Bernard Hinault, celui qui a osé, il y a une trentaine d’années, comparer la course cycliste « Paris-Roubaix » à un cyclo-cross ! Au regard de l‘accueil chaleureux qui lui est réservé, cette désobligeante remarque faite à propos des sacro-saints pavés de l’enfer du Nord semble avoir été oubliée… Donc, Bernard Hinault va lui aussi dédicacer. Dédicacer quoi ? Un livre, bien sûr ! Mais un livre de quoi ? Un livre d’images, des photos, des vélos et des coureurs. C’est de la littérature, cela ? Il faut croire. L’autre VIP, c’est Nadine Trintignant. Elle aussi dédicace un livre, ou plutôt un recueil de nouvelles dans lequel elle règle ses comptes avec les hommes. Eric Nolleau ne semble pas l’avoir beaucoup apprécié, voir la vidéo.

 

 

   Je conçois, hélas, que pour déplacer le public aujourd’hui vers un salon du livre, la seule littérature ne suffise plus. Nous vivons dans une société qui ne manque pas plus de culture aujourd’hui qu’autrefois, mais qui est repue de tout. Il faut sans cesse l’étonner. Alors, on dérive un peu, les organisateurs aiment aligner des chiffres en progression, seul moyen de justifier auprès des bailleurs de fonds la mise en place de l’édition suivante. Pour revenir à Bernard Hinault, je tempère mon propos en affirmant que j’apprécie ce sportif de haut niveau dont l’allure aujourd’hui témoigne de l’intelligence avec laquelle il a su mener sa carrière. Autant on l’a vu fougueux et rageur sur deux roues, autant il se présente, dans la fleur de l’âge, souriant, affable et prodigue à évoquer ses souvenirs. Cet homme aime la vie, il pourrait citer Ninon de Lenclos qui écrivait au marquis de Sévigné : "Eh ! que serait le bel âge sans l'amour ! une longue maladie."

   Les portes sont maintenant ouvertes. Le public se presse. Des faces rougeoyantes et illuminées par un déjeuner bien gras et bien arrosé défilent devant ma table et jettent un regard distrait sur mon apothicaire qui leur semble bien étranger. Visages fermés aux regards fuyants qui glissent sur les ouvrages étalés, jetés en pâture. Ceux-là ressortent les mains vides. Les autres manifestent leur curiosité. 

   - Je suis en train de lire votre livre. Un ami vient de me le prêter après me l’avoir chaudement recommandé

   Ils sont plusieurs à m’avoir approché de cette manière. Entre combien de mains passe un livre ? Si j’ai plus de lecteurs que d’ouvrages vendus, je peux en conclure que mes ouvrages ne servent pas à caler les meubles !

   Certains de mes confrères haranguent les chalands. L’auteur doit-il se muer en camelot ? L’encre suée par sa plume vaut plus que cela. Tout ceci étant dit, un peu de miel est nécessaire pour nuancer mon propos dont l’amertume ne sera que passagère. Ce salon se professionnalise. Il gagne en efficacité. L’affluence est bien là, il n’y a pas de temps mort. Sur les huit salons auxquels j’ai participé ces dernier mois, Loos est celui qui m’a permis de réaliser le plus de ventes. 

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